Dur dur, la vie d'aristo à l'ère des cures d'amaigrissement nobiliaire. Ce n'est pas le filleul d'Elizabeth qui dira le contraire. Lord Carnarvon a beau avoir pique-niqué dans les jardins de Balmoral avec le futur roi dans sa prime jeunesse, il a purement et simplement été supprimé de la liste des convives du couronnement. Scandalous.
Pourtant, il y a encore sept mois, le proprio du château d'Highclere (oui, le château de Downton Abbey) faisait encore partie de la crème du gratin royal. Admis au très select service d'inhumation d'Elizabeth à la chapelle St George à Windsor, après ses funérailles nationales, son filleul est assis «juste derrière Charles». Etonnant, donc, que son ami d'enfance ait oublié de le convier au jour le plus important de sa vie.
«Je ne m'attendais pas nécessairement à [une invitation]», tient à préciser le lord au Daily Mail. «Mon père était un ami très proche de la reine et était lié aux chevaux et à tout le reste.»
C'est bien la première fois qu'un comte de Carnarvon ne sera pas invité au couronnement d'un monarque britannique. Un affront qui n'empêche pas George Herbert de faire preuve d'une noblesse toute britannique: «Vous ne pouvez pas toujours faire partie de tout».
Et il ne doute pas que Charles III sera «un roi absolument excellent». Classe.
Lord Carnarvon peut se rassurer. Au moins, il ne sera pas tout seul. Il figure parmi les quelque 6000 nobles à n'avoir pas reçu de carton. La liste originelle des 8000 pairs, notables et diplomates entassés dans l'abbaye de Westminster lors du dernier couronnement, en 1953, a été passée au karcher.
«Seuls» 2000 participants, dont certains sélectionnés par scrutin, auront l'honneur de camper les bancs inconfortables de l'église. Les autres devront se contenter de regarder la cérémonie depuis leur canapé, à l'instar du petit peuple.
Parmi les non-invités les plus notables, comment ne pas mentionner le duc de Somerset (dont le titre a été créé en 1547, quand même), ou Lady Pamela Hicks, 94 ans, demoiselle d'honneur de la reine lors de son couronnement.
A défaut d'une invitation, la nonagénaire aura au moins reçu une explication: «L'un des secrétaires personnels du roi a transmis un message du roi. Ils ont expliqué que ce couronnement devait être très différent de celui de la reine», a indiqué sa fille India, sur son compte Instagram.
D'autres n'ont pas accueilli le camouflet royal avec un tel flegme. Des sources susurrent au Daily Mail que certains membres éminents de la noblesse seraient «furieux»: «Ils ne peuvent pas comprendre pourquoi ils n'ont pas été invités alors qu'ils ont été invités à toutes les autres occasions d'Etat».
C'est le cas du duc de Rutland, dont le grand-père a eu l'immense honneur de porter l'orbe lors de la procession du couronnement de George VI. «On ne m'a pas demandé!», s'exaspère-t-il. Et il «ne comprend pas vraiment» pourquoi.
Quelques personnalités parmi les plus proches des cercles royaux ont également fait les frais de la diète monarchique. L'ex-beauf' du roi, le frère de la princesse Diana, Charles Spencer, n'a pas été convié, selon The Independent.
De même que Sarah Ferguson, duchesse d'York, ex-femme du prince Andrew et mère des princesses Béatrice et Eugénie (9e et 11e dans l'ordre de succession au trône, c'est vous dire).
Bien que divorcés depuis 1996, Fergie et Andrew sont restés proches, au point de cohabiter pendant des années à Windsor. La duchesse entretient d'ailleurs des relations si «chaleureuses» avec le roi Charles, la reine Camilla et le reste de la clique qu'elle est encore conviée chaque année à passer Noël et Pâques avec eux.
Fergie, qui ne «s'attendait pas» à être invitée, n'a même pas pris ombrage de la nouvelle. A l'occasion d'un talk-show sur la chaîne ITV, elle a fait part de ses projets pour le jour J:
«Vous ne pouvez pas être divorcé et ensuite dire: "Je veux ça". Vous êtes dedans, ou vous êtes dehors», conclut la pragmatique ancienne royal. En ce qui concerne son prince déchu d'ex-mari, Andrew, il devrait assister au couronnement de son frère aîné - mais sans uniforme militaire, ni autorisation à s'afficher sur le balcon pour un coucou à la plèbe.
Last but not least: Vladimir Poutine fait partie des rares chefs d'Etat à ne pas avoir été invités. Il pourra toujours se consoler autour d'un thé avec les présidents de Biélorussie, d'Iran, du Myanmar, de Syrie, d'Afghanistan et du Venezuela, snobés aussi. Contrairement aux diplomates de haut rang de Corée du Nord et du Nicaragua, qui ont reçu leur invitation.
Une information qui risque bien d'hérisser quelques poils d'hermine, parmi les nobles oubliés.